Nous avons rencontré notre Lorenzo le 24 avril au soir après une douzaine d’heures de voyage et surtout d’attente, une attente interminable avec dans le coeur des sentiments mêlés de joie et d’angoisse : va-t’il venir vers nous sans trop de crainte ? Saurons-nous trouver les mots et les gestes pour le rassurer …
Bref, nous savions que nous marchions enfin vers notre plus grand bonheur mais, ce premier moment, comment allait-il se passer ?
En fait tout s’est passé simplement et sereinement. Nous sommes arrivés tardivement à l’orphelinat, épuisés par l’émotion, la fatigue du voyage et la moiteur du climat. Tout était calme dans l’orphelinat et lorsque nous sommes descendus du 4×4 de Soeur Lucie nous avons vu sortir de l’obscurité ( pas d’électricité ou très rarement au cours de notre séjour) 4 enfants qui, ce jour-là, rencontraient leurs parents, dont Lorenzo dans les bras d’une « maman » (nounou africaine). Ils étaient magnifiques et spécialement apprêtés pour l’occasion (je me souviens qu’il sentait « bon » le savon dans sa petite chemise bleue bien amidonnée!!!)
Lorenzo nous a souri timidement du haut de ses presque trois ans, et après un bref « voici ta maman et ton papa », la « maman » a déposé Lorenzo dans mes bras. Je ne saurais dire exactement les mots que j’ai prononcés à ce moment-là tellement l’émotion était grande. Je crois que nous lui avons simplement dit bonjour, qui nous étions, qu’il était très beau, que nous l’aimions très fort et que nous étions très heureux de le rencontrer.
Un petit biscuit (sur les conseils de Soeur Lucie) a bien détendu l’atmosphère. Il a grignoté en savourant longuement le biscuit dans nos bras tout en jetant des coups d’oeils furtifs à ses nouveaux parents. Ce soir-là et le lendemain nous avons senti que Lorenzo avait déjà très envie de venir vers nous, mais gardait pas mal de distance quand même (distance physique et regards furtifs).
Les enfants sont repartis se coucher dans leur dortoir, nous aurions bien aimé prolonger cet instant mais il était déjà très tard et nous ne voulions pas abuser. Nous avons traversé la rue avec les autres parents pour regagner notre maison d’hôtes. Nous avons tous passé une mémorable nuit blanche à revivre les différents moments de notre rencontre, et à lutter contre la moiteur pour essayer de trouver un peu de repos.
Dès le lendemain matin les enfants aménageaient avec nous dans la maison d’hôtes sans pour autant être coupés de l’orphelinat car nous retournions y prendre tous les repas en compagnie des soeurs.
Retourner dans un lieu connu et retrouver les soeurs semblait rassurer les enfants au début. Quant à nous, parents, nous gardons un émouvant souvenir de ces moments car les 2 religieuses ont pris sur leur précieux temps pour nous parler des enfants, de l’orphelinat (son fonctionnement et son histoire) et du Congo qu’elles aiment passionnément.
Nous avons essayé de ne pas nous laisser submerger par l’émotion dans ces moments-là pour mémoriser le mieux possible toutes ces informations. Nous pourrons les restituer à Lorenzo quand il en éprouvera le besoin ainsi que toutes les images, odeurs, ambiances que nous avons gravées en nous au cours des différentes sorties réalisées en compagnie de Soeur Lucie.
Les enfants ont rapidement pris confiance en nous, et, dès le deuxième jour, Lorenzo venait déjà dans nos bras pour chercher des câlins, des chatouilles… la complicité s’installait comme par magie.
On ne sait pas exactement comment les enfants sont préparés à notre rencontre, mais ce que l’on sait, c’est que cela est extrêmement bien fait.
Les six jours sont rapidement passés. Le moment du départ a été lui aussi très riche en émotions car nous étions partagés entre l’envie de rentrer dans notre petit chez nous pour commencer enfin notre vie à trois, retrouver notre famille et nos amis pour partager ce bonheur immense, et la tristesse de quitter les soeurs si attachantes et si proches des enfants, sans savoir quand nous les reverrons et si nous retournerons un jour là-bas.
Les enfants quant à eux sont partis confiants dans nos bras car après avoir vécu 6 jours ensemble, nous avons tous pris le même avion de retour. Soeur Angélique et Soeur Lucie pensent même à ce genre de détail pour le plus grand bien-être des enfants et des familles.
Nous passerons sur l’arrivée à l’aéroport de Toulouse Blagnac, l’accueil chaleureux, émouvant, tout en respect et douceur que nos familles et nos proches compagnons de l’attente nous ont réservé à tous les trois.
Nous vivons intensément tous les moments importants de sa vie, toutes ses premières fois (rentrée scolaire, première chute, première pizza, premier je t’adooore…) et tous ses progrès ( il y en a eu tant en si peu de temps).
Le Lorenzo des premiers jours scotché à papa et maman nous appelant sans cesse pour se rassurer face à tous ces changements déstabilisants a laissé place à un Lorenzo qui chante à longueur de journée, part jouer seul dans sa chambre, joue maintenant avec nos deux chats, leur lit des histoires mais ne hurle plus de terreur en les voyant, veut tout faire tout seul…
Il ne faut pas se méprendre, même si nous vivons un bonheur immense, tout n’a pas été facile au cours des 3 premiers mois : Lorenzo a refusé de sortir de la maison les 4 premiers jours ; le moindre changement dans ses habitudes le perturbait (départ en vacances…), heureusement cela s’est rapidement arrangé avec le temps. Nous nous sommes confrontés à une difficulté plus inattendue : certaines personnes attendaient de Lorenzo qu’il se comporte instantanément comme un enfant du même âge né en France; peu importe nous lui avons donné le temps de s’adapter à sa nouvelle vie et nous ne le regrettons pas ! Le voir devenir de plus en plus autonome, détendu et sûr de lui au fil du temps nous prouve qu’il va bien et qu’il a effectivement pris ses marques.
L’adoption n’est pas un chemin facile, nous avons été très éprouvés par la période de l’attente, mais Lorenzo est là et nous savourons pleinement les petits bonheurs tout simples de notre vie à trois. En revanche elle nous a permis de faire des rencontres exceptionnelles, tout d’abord au sein d’EFA, puis de l’association Congo-Béthanie et enfin au Congo. Nous ne dirons jamais assez merci aux couples que nous avons rencontrés à EFA avec une pensée particulière pour les parents de Jordan et Gaël dont le témoignage nous a conduits vers le Congo et avec qui nous avons partagé les moments forts de l’attente et de la rencontre avec nos enfants. Merci aussi à ceux qui nous ont soutenus, enrichis de leurs expériences mais aussi à Soeur Angélique et Soeur Lucie, aux mamans et bénévoles qui ont pris soin de notre petit Lorenzo.
Nous terminons ce témoignage à quelques jours de Noël en pensant à celles et ceux qui, comme nous il y a deux ans, attendent aussi leur rencontre, qu’elle arrive le plus vite possible.
Pascale, Patrick Farines, parents de Lorenzo né le 14 juillet 2006 à Brazzaville