Adoption d’un enfant de 6mois
Pays : Vietnam
Prénom :Valentin
Arrivé le : 13 février 2008
« Un mercredi après-midi de janvier 2008, nous recevons un appel téléphonique de l’Oeuvre de l’Adoption. Cette dernière nous demande d’être à Hanoi une semaine plus tard. Ca y est, l’heure de rejoindre notre petit garçon est enfin arrivée.
Nous savons depuis 4 mois qu’un petit bébé, né en août 2007, nous attend au nord du Vietnam.
Les derniers préparatifs se font dans l’effervescence et l’émotion. Comment va se passer notre rencontre ? Comment va être notre bébé (que nous n’avons pas vu du tout avant) ? Quelles vont être nos réactions respectives ? Comment vont se passer nos premiers jours de vie de famille là-bas au Vietnam ?
Bref, nos coeurs battent très fort en fermant nos valises. Nous allons, enfin, serrer dans nos bras ce petit enfant tant attendu.
La dernière nuit avant l’envol est très agitée. Au bouclage des ceintures dans l’avion nos cœurs sont oppressés en pensant que dans quelques heures nous allons être papa et maman.
Nous n’avons quasiment pas dormi, non plus, dans l’avion…et c’est déjà éprouvé par le manque de sommeil que nous posons les pieds sur le sol du Vietnam, le 31 janvier 2008.
Nous re-découvrons les abords de la ville, que nous connaissons déjà pour y être venus 9 ans plus tôt.
Il est 6 heures du matin, mais c’est déjà l’animation matinale orientale. Les paysans en vélo côtoient les motos des travailleurs, les bus de transports en commun…la vie trépidante d’Hanoï se rappelle à notre bon souvenir !
Les Klaxons de tous les véhicules nous replongent dans l’ambiance.
Le taxi nous emmène vers notre pension, nous avons les yeux grands ouverts, nous nous imprégnons des images, des odeurs, des sons : tous nos sens sont à l’affût.
Notre installation se fait au coeur d’Hanoï. Notre correspondante locale nous informe du déroulement de la journée du lendemain.
La « remise officielle » de notre enfant aura lieu le 1er février !
Nous sommes émus en préparant les affaires à emporter, le lendemain, à l’orphelinat.
Nous sommes en train de prendre de nouvelles responsabilités…cette nouvelle nuit de sommeil est, encore, agitée…et c’est, déjà, les yeux cernés que nous nous levons à 5 heures du matin pour rejoindre l’orphelinat de Hoa Binh à 70 kms au nord d’Hanoï.
La route se fait sous la pluie, c’est chaotique et long, ça dure 2 bonnes heures…c’est long et c’est court de penser que dans quelques minutes, notre bébé sera bientôt dans nos bras. Nos coeurs battent très fort à l’approche des lieux.
Le minibus ralentit et marque un temps d’arrêt devant l’orphelinat, nos jambes tremblent, nos coeurs battent de plus en plus… nous descendons fébriles et impatients.
Nous nous dirigeons au milieu d’un jardin calme vers les chambres. On nous fait entrer dans une pièce où s’alignent des lits, où se trouvent des enfants, et des nounous. Puis une dame nous appelle et nous montre notre enfant : il se prénomme alors SY.
L’émotion est à son comble, nos yeux se remplissent de larmes. On nous remet notre bébé. Nous le serrons très fort contre nous.
Nous ne le quittons pas des yeux, nous lui parlons et le prénommons Valentin-SY.
Voilà comment nous sommes devenus parents en un instant inoubliable…
Bébé est emmailloté dans une couverture, il fait très froid ce matin du 1er février à Hoa Binh.
Il a un bonnet jaune, des chaussettes en guise de gants. Il nous regarde, ne comprend pas notre langage, écoute sa nounou, TAM, qui lui parle en vietnamien. TAM a le regard triste, elle sait que nous venons lui « enlever » la garde de ce petit dont elle s’occupe depuis plus de 5 mois.
On nous offre deux doudous pour Valentin, on nous donne sa sucette et son bonnet. On nous laisse partager la vie de l’orphelinat le temps de la matinée : soins portés aux enfants (repas, change, éveil). On nous permet de nous occuper de Valentin, nous le changeons, nous l’habillons bien chaudement. Quel affairement autour de notre petit bébé. La communication avec les nounous est, malheureusement, limitée par la barrière de la langue, mais on comprend l’essentiel ! Le sourire asiatique est de rigueur.
Les nounous sont charmantes. On constate que l’on prodigue de bons soins à tous les enfants, qu’on les prend beaucoup dans les bras. Les enfants ne sont pas malheureux à l’orphelinat. Ils sont en bonne santé. Tout cela est rassurant pour nous, nouveaux parents.
Puis l’heure de partir de l’orphelinat est arrivée. Notre accompagnatrice vient nous chercher. Nous prenons Valentin dans nos bras, et nous saluons toutes les nounous et, en particulier, Tam. Nous avons du mal à quitter son regard. Nos yeux lui disent merci, et adieu.
Le chauffeur nous amène à la mairie de Hoa Binh, où les autorités vietnamiennes nous attendent.
La cérémonie officielle de remise de l’enfant doit avoir lieu à14h.
Elle n’a duré qu’une heure, mais que d’émotions. Il fallait prononcer un discours. Je n’avais rien préparé et j’ai laissé parler mon coeur. Je n’ai pu retenir mes sanglots durant ce moment inoubliable qui changeait notre vie à jamais. Je ne savais pas comment cela serait perçu par l’auditoire, et j’avais quelques craintes mais je ne pouvais faire autrement.
La cérémonie terminée, nous reprenons la route vers Hanoï.
L’heure tourne, Valentin commence à pleurer. Il a faim. Et voilà le premier biberon dans les bras de sa maman. Cette image, avec en fond, les paysages du Vietnam qui défilent, restera longtemps gravée dans mon esprit. Le ventre rempli, Bébé s’endort. Même le vacarme de Hanoï ne le réveille pas. Le taxi nous dépose devant la pension. Nous sommes de retour dans notre chambre, après une journée inoubliable, mais à 3.
Notre première soirée en famille fût entièrement passée autour de ce petit être, notre fils. Il a bu son biberon sans difficulté, puis le sommeil arriva. Mais bébé ne voulait pas se laisser aller … il luttait, luttait et pleurait, hurlait. Après plusieurs minutes dans les bras de Maman, il finît par s’endormir.
Juste le temps, pour nous les parents, de manger un petit bout sur le coin d’une table … et des hurlements nous sortent du calme qui baignait notre chambre depuis quelques instants. A nouveau les bras de Maman, mais bébé ne veut plus s’endormir. Papa prend la relève, tourne et tourne dans la pièce avec Valentin dans les bras. Le seul mouvement qui semble l’apaiser est de l’agiter assez énergiquement de bas en haut. Il ne dit plus rien. Il finit par partir dans les bras de Morphée au bout d’une heure de travail …
Mais pas pour longtemps. Rebelote. Et la première nuit passa ainsi. Notre première nuit blanche, après des nuits courtes.
Le lendemain nous retrouvons d’autres couples de la pension, qui eux, n’ont pas si mal dormi que cela.
Nous échangeons autour de notre première soirée, de notre première nuit.
Nous planons tous dans le bonheur, malgré la fatigue.
Mais l’administratif nous ramène à la réalité. Il nous faut maintenant déposer les dossiers de demande de passeport. Les papas sont chargés de s’occuper de cela avec la correspondante de l’OAA.
Pendant ce temps, les mamans gèrent au mieux les premiers instants de vie avec bébé. Après le retour des démarches administratives, nous nous autorisons une sortie en ville, avec Valentin dans le porte-bébé. Valentin est blotti tout contre nous, nous le sentons, nous le touchons : ça y est, il est là et bien là avec nous. Nos longues promenades permettent à Valentin de dormir, car il dort aussi peu en journée que de nuit ! Par contre dès qu’on le berce dans nos bras ou dans le porte bébé : aucun problème, il dort. Nous déambulons dans les rues de Hanoï. C’est l’effervescence, car la fête du nouvel an vietnamien approche. La ville est ornée de couleurs, la musique résonne. Pour la première fois, nous allons manger au restaurant avec bébé. C’est épique, parfois. Nous demandons de l’eau bouillie pour faire le biberon, nous changeons bébé sur les chaises en bois : l’éducation de Valentin commence « à la dure » !…à la vietnamienne, déjà qu’il dormait sur des lattes à son orphelinat, maintenant, on le change dans des postures assez instables !
Quand Valentin est éveillé, durant les promenades, il ouvre de grands yeux sous son bonnet, il regarde tout autour de lui, écoute tous les bruits. Nous sommes très fiers de nous promener avec notre bébé. Nous ouvrons d’aussi grands yeux que lui, mais pour l’admirer ! Nous sommes très émus tout au long des journées passées avec lui. Quand il dort, même si c’est de très courte durée, nous le regardons et nous avons vite les larmes aux yeux. Durant tout notre séjour au Vietnam, nos coeurs auront été submergés par l’émotion permanente de cette immense joie d’être, enfin, parents.
Nous sommes « aux anges » quand Valentin nous sourit, et il est très souriant, d’ailleurs. Il nous a souri dès le lendemain de notre rencontre. Outre nos émotions, nous sommes pris par ce nouveau rythme de vie, calqué sur le rythme d’un bébé de 5 mois et demi qui mange toutes les 4 heures, qui dort très peu, bref : c’est l’apprentissage de la vie de nouveaux parents ! Le manque de sommeil commence à se faire ressentir, les traits sont tirés…nous nous sentons, parfois, désarmés, quand nous n’arrivons pas à endormir Valentin qui lutte toujours contre le sommeil….pour finir par se calmer et sombrer d’épuisement dans les bras de l’un de nous deux ! Le plus difficile, même si nous nous sentons bien à Hanoï, est que nous n’avons pas nos repères quotidiens habituels. Nous avons hâte de rentrer chez nous, dans notre milieu pour prendre nos nouveaux repères avec Valentin dans ce qui construira désormais notre quotidien à trois.
Après avoir obtenu les sésames pour le retour vers la France, nous expliquons à Valentin que nous allons faire un grand voyage. Nous commençons à boucler nos valises sous son regard un peu perdu.
Il comprend très bien qu’il se passe quelque chose. Nous lui parlons beaucoup pour le rassurer.
Du fond de son regard sombre, il nous observe, il commence à nous aimer. Il commence à avoir confiance en nous. C’est avec des sentiments confus que nous faisons une dernière balade autour du Lac près de notre pension. Nous sommes soulagés et heureux de rentrer chez nous ; mais tristes d’arracher Valentin à son pays natal.
Le taxi nous emmène de nuit vers l’aéroport. Bébé, tranquillisé, s’endort dans les bras de maman.
Nous nous regardons : c’est difficile d’exprimer comme nous sommes heureux et troublés à la fois.
Nous sommes sûr de rentrer avec Valentin, quand nous avons franchi la douane à l’aéroport. Nous montons en priorité dans l’avion (un de nos nouveaux privilèges …).
Nous nous tenons la main. Et ça y est : c’est le décollage vers notre nouvelle vie à trois en France.
Nos mains, et nos gorges, se serrent. Valentin dort. Il ne sait pas ce qui est en train de se passer.
Le vol est tranquille pour Valentin. Le vol dure 14 heures durant lesquelles, nous adultes, dormons très peu, voire pas du tout, trop affairés à assurer le bien être de notre enfant.
Nous sommes le jeudi 13 février 2008 : la veille de la saint Valentin, et nous atterrissons en France avec notre bébé.
Nous sommes très fatigués. Bébé va très bien, il ouvre, encore, de grands yeux dans cet aérogare.
Nous allons le changer, lui donner son biberon. Son rythme ne semble pas perturber du tout ! Nous sommes plus éprouvés que lui, apparemment, par ce long retour sans sommeil ! Puis nouveau décollage final, cette fois vers la maison…l’envol a été bruyant, car Valentin refusait d’être attaché ! Il a hurlé durant tout le décollage ! La fatigue commençait probablement à se faire sentir.
A l’arrivée, nos parents nous attendaient, mon frère et sa famille, et nos amis de l’EFA : tous ceux qui avaient pu se déplacer pour cette occasion. Les êtres les plus chers qui nous avaient accompagnés jusqu’à Valentin, étaient tous là. L’accueil fut rempli d’émotions. Ces retrouvailles avec nos proches, cette rencontre avec notre enfant : les premiers moments vécus comme une naissance, la découverte d’un nouvel enfant bienvenu dans sa famille.
Un mois auparavant, nous étions là pour accueillir Yaël ; et ce 13 février, c’est Yaël qui accueille Valentin.
Plus que quelques dizaines de kilomètres et Valentin serait chez nous, chez lui, dans la chambre que nous lui avions préparée avec tant d’attentions et d’amour.
Ca y est, nous y sommes. Nous ouvrons la porte et nous entrons avec Valentin dans les bras.
Quel bonheur ! De courte durée, car c’est déjà l’heure du biberon !
Les 15 jours qui me séparaient de la reprise du travail ont été bien remplis.
Les journées défilaient …biberons, couches, « berçage », lavage, rangement des valises, démarches administratives.
Les nuits étaient courtes, hachées. Les réveils brutaux.
La première semaine, je me suis même demandé comment Nancy allait faire toute seule. Nous arrivions tout juste à nous en sortir à deux. Nous étions fatigués. Mais dans quelle galère, nous nous étions mis !
Puis, au bout d’une dizaine de jours, nous avons trouvé notre rythme. Nous profitions plus des journées avec notre enfant. Le Soleil était de la partie, de manière assez exceptionnelle pour la saison. La vie était belle … surtout le Jour.
A la reprise de mon travail, nous étions prêts, les yeux cernés, mais heureux ! «
Nancy et Eric